P. A Courouble / Cathy Doutement

C’était une ancienne grande ferme carrée typiquement flamande, reconvertie en une spacieuse habitation principale et située non loin des marais de Fretin. Laurence, la propriétaire, avait sollicité Cathy pour un diagnostic-nettoyage de la demeure car depuis quelques semaines il se passait des choses « bizarres » selon elle. Elle dormait très mal dans sa chambre avec une impression anormale de chaleur dans une pièce habituellement fraiche. Elle avait le sentiment d’une présence et la désagréable sensation d’être « rouée de coups » la nuit dans ses rêves. Sa fille, Cécile, étudiante d’une vingtaine année, d’habitude très alerte et se satisfaisant jusqu’alors de courtes nuits, semblait atteinte d’une anormale léthargie et ne quittait plus jamais le lit de sa chambre où elle y dépassait très largement le tour du cadran. Et même lorsqu’elle essayait de travailler sur son bureau, elle se trouvait confrontée à d’inexplicables crises de somnolence. Quant à Jonathan, le plus jeune fils, il fuyait depuis quelques temps, quasi terrifié et sans aucune raison, la buanderie de la maison.
___
Dès son arrivée, Cathy eut la perception intérieure qu’en effet, des âmes parasitaient bien le lieu. D’emblée elle fut intriguée, à son arrivée, par l’aspect astral du sol de la maison qui, dans sa pratique énergétique, était inhabituel. Croiser un puits énergétique ou un vortex dans une habitation qui soit un portail de communication avec le plan astral était une chose courante dans sa pratique ; mais là c’était l’ensemble du sol de la ferme qui paraissait criblé d’une multitude de petits vortex, donnant à ce dernier l’apparence d’un « gruyère » énergétique. D’un côté, elle put rassurer son hôtesse : la mémoire des murs ne révélait aucun évènement grave du passé qui aurait pu se dérouler dans l’habitation. En revanche, cette porosité astrale du sol dans une maison pouvait devenir une source d’incommodité énergétique car des âmes pouvaient remonter depuis les limbes de l’astral inférieur, autrement dit depuis l’enfer, et coloniser ou « squatter » le plan physique terrestre.
Les deux femmes firent le tour de la maison puis s’arrêtèrent dans la chambre à coucher de Laurence. Dès qu’elle franchit la porte, Cathy perçut immédiatement la présence d’une âme qui se tenait debout à la droite du lit, précisément du côté où dormait Laurence. Au pied du lit, un des vortex du « gruyère » énergétique palpitait. Par son 3ème œil externe elle perçut clairement l’aura et l’apparence physique de l’âme, qui était celle d’un homme d’une cinquantaine d’années muni d’un berret. En activant son 3ème œil interne, elle distingua plus nettement les détails : il était vêtu d’une tenue rurale, pantalon à bretelles, veston de couleur sombre, une chemise blanche à motifs… D’entrée l’âme se montra hostile aux deux femmes et entendit faire comprendre qu’elle était ici « chez elle ». L’homme semblait animé d’une dualité extrême, et Cathy perçut qu’il y avait en lui un potentiel de violence qui pouvait exploser à tout moment. Elle engagea à voix haute une conversation avec cette âme, usant de tact et bienveillance, pour lui expliquer qu’elle n’était pas là pour le juger mais uniquement pour l’aider. Des images de tortures surgirent alors dans son esprit et elle découvrit que c’était cet homme qui était l’auteur des tortures ! La scène se déroulait en extérieur, dans un milieu bucolique, ce qui étonna Cathy. « On faisait ça là où on pouvait » lui répondit-il. Rapidement, les informations arrivèrent : il était un résistant durant la Seconde guerre mondiale et avait torturé et exécuté des collabos à la Libération. C’était visiblement compliqué pour lui de s’exprimer, mais il laissa à Cathy l’accès à des images qui montraient sa honte. Ils étaient en réalité six hommes dans le coup et un seul avait réussi à gagner la lumière après le trépas.
À peine Cathy avait-elle reçu cette information qu’elle vit émerger du sol chacune de ces quatre âmes, empruntant le vortex de la chambre. Parmi ces personnes d’apparence âgée, il y en avait une qui se distinguait des autres. C’était celle d’un jeune homme ayant la vingtaine, cheveux châtains, culotte de golf et veston marron, qui se montra beaucoup plus communicatif et coopératif. Alors que les quatre autres restaient en retrait et ne participaient quasiment pas à la conversation, le jeune homme, lui, s’exprimait et expliqua les raisons d’une terrible culpabilité.
Ils étaient six, six hommes de la Pévèle se déclarant résistants et considérés comme des héros au moment de la Libération. Cependant, ils avaient reproduit la barbarie qu’ils voulaient combattre,sous la forme d’exécutions et de tortures sur des personnes civiles. Le jeune homme expliqua le déroulement de cette folie : « au début c’était pour faire justice puis ça a dérapé, il y a eu une prise de pouvoir sur l’autre. On est tous rentré dans une folie, ça été comme une spirale dont on n’a pas réussi à sortir ». Tous ceux qui étaient réunis dans cet acte de barbarie avaient mal fini. Certains avaient reproduit des actes du même type dans l’après-guerre : l’un s’était pendu, et certains étaient morts violemment dans des accidents. Aucun n’était décédé en paix. A part un, qui avait réussi à s’échapper, ils ne savaient comment, « par un trou dans la Lumière », tous les autres étaient restés dans un entre deux mondes, en ayant le sentiment de vivre une damnation éternelle et ne sachant pas comment en sortir.
Le jeune homme était loquace : « On ne pouvait rien dire et on n’a jamais pu se libérer de tout ça. On n’a jamais pu exprimer notre culpabilité d’avoir commis ces actes ignobles, notamment celui d’avoir torturé à mort une femme collabo ». Puis il ajouta : « Mais peut-être aussi d’avoir la pire des culpabilités qu’il soit, celle d’avoir eu un sentiment jouissif en exerçant notre pouvoir destructeur sur l’autre ». Manifestement il était le plus sensible du groupe et exprimait une authentique tristesse avec de sincères regrets. Cathy perçut clairement que l’ensemble du groupe partageait ce sentiment de honte d’avoir incarné de telles ombres dans leur vie sur terre.
Tout en communiquant avec l’âme, Cathy créa un portail énergétique devant la fenêtre de la chambre. Elle s’adressa aux cinq : « Je ne suis pas là pour vous juger mais pour vous aider. Il n’y a pas de jugement à émettre, de part et d’autre des atrocités ont été commises ». « Mais comment les Allemands peuvent-ils prendre conscience du mal qu’ils ont fait ? » interrompit l’un des cinq qui ne s’était pas encore exprimé. « C’est le déni du cœur qui permet de commettre des abominations. Pour ce qu’ils ont fait, beaucoup d’Allemands trainent encore dans des limbes comme celles où vous étiez prisonniers ».
À peine venait-elle d’exprimer ces mots qu’une silhouette de femme se dessina dans le portail de lumière qu’elle venait d’entrouvrir mentalement dans la chambre. C’était la femme qui était décédée des suites de ses tortures. Elle s’adressa aux cinq, leur expliqua que cela avait été très dur pour elle de vivre cette mort, mais qu’elle aussi avait fait des choses horribles pendant la guerre. Qu’elle avait réussi à pardonner et surtout à se pardonner ; et qu’à eux aussi elle leur accordait le pardon. Instantanément l’énergie dans la pièce changea et quelque chose lâcha chez ces cinq hommes. Le portail de lumière s’élargit et de l’autre côté des silhouettes d’hommes et de femmes, des proches de la famille apparurent avec le sourire dans le cœur. Ils ne se sentaient plus jugés : « On va réparer ! » dit l’un en franchissant le portail, sitôt suivi d’un autre. Avant de franchir la porte de lumière, le plus jeune se tourna une dernières fois vers Cathy : « Si on passe de l’autre côté, est ce qu’on pourra revenir ? Je voudrai revenir libérer les Allemands ! » « C’est promis, répondit Cathy, mais tout d’abord il vous faudra faire un grand plein de forces et de lumière avant de pouvoir redescendre dans les abysses ». Grâce à l’impulsion du plus jeune, les cinq âmes étaient montées dans la Lumière. Plus tard, Laurence et son mari déclarèrent qu’ils avaient retrouvé, depuis ce jour, la fraîcheur habituelle de leur chambre et qu’ils y faisaient désormais de très bonnes nuits.
___
Impressionnée, Laurence avait assisté pendant une demi-heure à tous les « dialogues » de Cathy car celle-ci s’exprimait toujours à voix haute dans ses échanges avec les âmes. Elle proposa à l’énergéticienne de gagner la chambre de sa fille qui n’était pas présente cet après-midi-là, histoire de s’assurer qu’il n’y avait rien d’anormal, ou plutôt de paranormal, qui puisse expliquer les crises de sommeil de sa fille. Il suffit à Cathy de pousser la porte pour avoir immédiatement la réponse. L’âme d’une jeune fille qui semblait avoir 18 ans était affalée, somnolente, dans le lit de Cécile. Elle était mince et avait un look de junkie. Elle était habillée d’une jupe noire et portait un t-shirt blanc et de grosses bottines noires à lacets. Ses cheveux blonds mi longs ondulaient autour de son visage dont les traits étaient fins mais marqués par la souffrance. Elle manifesta immédiatement de la méfiance vis-à-vis de Cathy, peut-être surprise de se voir observée, et fit comprendre qu’il fallait la laisser tranquille car de toute façon, personne ne la comprenait. C’était pour cela qu’elle s’était réfugiée dans la drogue, seule solution de fuite qu’elle avait trouvée. Cathy reçut immédiatement l’information qu’il s’agissait de l’âme d’une ancienne toxicomane décédée par overdose.
Comme si elle tirait un rideau, Cathy ouvrit instinctivement et consciemment un nouveau portail de lumière devant la fenêtre de la chambre et s’adressa d’âme à âme à la jeune fille : « Je suis là pour t’aider à passer dans la lumière où tu seras mieux qu’à trainer dans cette chambre ». « Ça ne m’intéresse pas, répondit-elle, on ne me comprend pas et on ne m’a jamais comprise, à commencer par ma famille. Et je doute que dans la lumière on me comprenne mieux… » Elle ajouta sur un ton de bravade : « Moi j’ai eu le courage de me foutre en l’air ! » Ce qui fit réagir Cathy qui le lui rétorqua avec douceur : « Ce n’est pas du courage ça, c’est de la lâcheté. La vie est faite pour expérimenter les choses et pour grandir. Là, tu as décidé d’abandonner le vaisseau de la vie. Si à un moment donné tu n’avais pas rencontré l’amour ni la compréhension chez les autres, il y avait d’autres chemins que tu aurais pu emprunter ». Visiblement interpellée, l’âme se montrait réceptive aux mots de Cathy : « C’est drôle, ici vous me comprenez. Ici vous avez du cœur mais je ne suis pas persuadée qu’en Lumière on me comprendra, et certainement pas mes parents qui ne m’ont jamais comprise. » Cathy s’était connectée à sa mémoire qui lui permettait de voir ce qu’elle avait vécu durant sa courte vie. Elle admit qu’en effet, à certains moments, elle aurait pu prendre d’autres chemins mais elle n’avait pas eu le courage de les prendre et donc, petit à petit, elle avait abandonné son chemin de vie.
En échangeant avec Cathy, des images mentales de son passé remontèrent et firent miroir aux perceptions psychiques de Cathy. Lors de ce processus, quelque chose lâcha prise en elle et l’âme prit conscience qu’il y avait eu effectivement plein de regards d’amour autour d’elle, mais elle avait décidé de ne jamais les voir et de s’emmurer dans une énergie négative. A ce moment-là, la fenêtre de lumière s’élargit et l’image de ses deux parents apparut. Elle les fixa du regard, alors qu’au départ elle ne voulait pas les voir. Ils étaient dans un état de grande souffrance vis-à-vis de leur fille mais avaient aussi à son égard plein d’amour, et là, elle le vit, et elle en prit pleinement conscience. Son âme se détacha du lit et franchit le seuil de lumière. Elle avait retrouvé la paix. Cécile, la fille de Laurence, révéla par la suite qu’elle avait, elle aussi, retrouvé des nuits normales et qu’elle avait rétrospectivement le sentiment d’avoir été tous ces jours durant, « shootée », selon son expression. Cela faisait effectivement écho sur le plan vibratoire à l’état énergétique de l’âme qui avait « squatté » quelques temps sa chambre.
___
Quittant la chambre de Cécile, les deux femmes gagnèrent la fameuse buanderie qui incommodait tant le jeune fils au point qu’il y rentrait toujours furtivement pour y jeter son linge sale et en ressortir presque en courant car « ne s’y sentant pas bien ». Ayant à peine franchi la porte, Cathy remarqua dans un coin de la pièce, juste à côté du chauffe-eau, un petit être, étrange, lugubre, tout de noir vêtu, assis sur le sol et recroquevillé sur lui-même, avec de longs doigts filiformes presque pointus. Il avait le crâne chauve, un visage blanchâtre avec de petits yeux très sombres. Son expression se voulait manifestement menaçante ou effrayante, montrant des dents tel un fauve. L’image qui s’approchait le plus de sa vision était celle d’un « petit Nosferatu » le vampire. Visiblement il essayait de lui faire peur.
Nullement impressionnée par ses rictus, Cathy n’aurait su dire si le personnage était menaçant ou grimaçant, et elle se demanda sur le coup à quel type de créature elle avait affaire. « Qu’est-ce que tu fais là toi !? T’es quoi ? » Il riposta par de nouvelles grimaces où il montrait ses dents. « Tu es une âme ? Qu’est-ce que tu es ?!! » Apparemment décontenancé par l’indifférence de Cathy à ses gesticulations, la créature changea d’attitude et finit par lui répondre : « Mon rôle est de te faire peur ! ». « Mais qu’est-ce que tu es ?! » insista Cathy. « Je suis là pour faire peur aux âmes damnées car il faut qu’elles paient ! » s’entend-telle répondre. Cathy sourit intérieurement du caractère cocasse de la situation : « Ben il va falloir que tu changes de métier car ça ne marche pas ton truc ! » Décontenancé par la réaction de son interlocutrice, l’être changea d’attitude et se mit à dialoguer. Il développa un discours où il tentait d’expliquer comment fonctionnaient les enfers et de manière générale la spiritualité, ou plus exactement la vision qu’il en avait. « Les âmes qui ont pêché sont damnées et doivent être torturées pour expier leurs péchés, expliqua-t-il. Jusqu’à ce qu’on les fasse, parfois, passer dans la lumière du paradis ». Cathy perçu par son 3ème œil interne que ce qu’il appelait « passage dans la lumière » n’était en réalité qu’un changement de cercle dans les enfers de l’astral inférieur et qu’il ne faisait nullement monter les âmes dans la lumière, mais qu’au contraire, il les maintenait dans les limbes. Elle décida de l’interrompre : « Ce que tu appelles lumière n’en est pas. Il n’y a pas de péché proprement dit mais uniquement des expériences à vivre qui nous font grandir, et ce que nous appelons l’enfer n’est qu’une réalité que construisons sur terre puis dans l’au-delà ».
Cathy voyait que son interlocuteur était déstabilisé par ses mots. Elle poursuivit : « Si on décide d’assumer en responsabilité ce qu’on a fait, et de le transformer, alors à partir de ce moment-là on monte en lumière, puis on peut se réincarner pour jouer d’autres expériences. Des erreurs et des horreurs, on en a tous fait, mais ce n’est pas grave, l’âme grandit de tout ça. On peut tous monter dans la lumière car il n’y a pas de juge ni de jugement ». En expliquant ces valeurs spirituelles, Cathy eut l’impression de susciter un véritable examen de conscience chez son interlocuteur qui l’écoutait attentivement. Un sentiment de dualité se développait en lui. « Mais alors l’église nous a menti ?! » réagit-il. « Toi aussi tu as ta part de responsabilité là-dedans, car tu as bien voulu croire à ce que l’on te racontait. On est sur terre pour trouver notre vérité intérieure et non pour croire bêtement dans les prétendues vérités des autres. La vérité n’est pas la même pour tout le monde et chacun doit cheminer pour trouver la sienne. Toi, tu as cru en une vérité absolue que tu t’es appliquée à toi-même, de manière sombre ».
Sur ces mots de Cathy, l’être recroquevillé se redressa et grandit pour prendre l’apparence d’un prêtre catholique « à l’ancienne » avec son chapeau noir. Laurence, qui assistait à l’échange par le biais des mots que Cathy lui rapportait, eut également la perception visuelle de l’apparence physique du prêtre. Il s’agissait de l’âme d’un prêtre inquisiteur de l’époque de la Renaissance. « On nous a appris à être comme cela… Je suis d’accord. Je me suis trompé de voie, mais je vais réparer désormais ». Cathy a toujours été surprise de la rapidité avec laquelle certaines âmes égarées dans l’astral inférieur pouvaient soudainement prendre conscience de leur situation et ascensionner. L’âme du prêtre avait retrouvé des couleurs et se mit à faire preuve d’un peu trop d’assurance et d’enthousiasme : « Je vais réparer et faire monter désormais les âmes au ciel car je sais créer les passages en lumière ». Cathy l’arrêta net : « Minute papillon, stop ! Ça tu ne sais pas faire ! Tu crois savoir mais en réalité tu ne sais que les faire changer de cercle dans les enfers. Tu les envoies dans une autre dimension qui n’est absolument pas La Lumière de la Vérité ». « Mais comment peut-on reconnaitre la vérité alors ? » réagit-il. « La vérité est ce qui vibre avec le cœur. Si ton cœur est froid, alors tu n’es pas dans le juste ». « Eh bien j’ai cru alors à beaucoup de choses qui n’étaient pas justes… » confessa l’âme du prêtre. « Comment puis-je t’aider ? Comment puis-je réparer ? » insista-t-il.
« Quand tu crées mentalement un portail avec un élan du cœur, alors tu crées un vrai passage énergétique qui permet d’accéder là-haut, à la Lumière. Je vais te créer ce passage, pour toi et pour toutes les âmes qui remontent de l’astral inférieur, afin que cette maison soit durablement nettoyée. « Je sais où il faut mettre ce portail, réagit-il avec enthousiasme. On va le mettre derrière la maison, dans le jardin, à la droite du cabanon, il y a la piscine juste à côté, ça aidera ». Cathy acquiesça et créa mentalement, à distance, le portail à l’emplacement qu’il désignait, puis elle l’invita à le franchir. « Je vais rester pour aider à faire passer toutes les âmes à franchir ce portail, ajouta-t-il ». « D’abord, tu vas toi-même franchir ce portail pour aller là-haut. Tu vas te recharger de lumière et réintégrer certaines choses à ton âme. C’est seulement après que tu pourras revenir ici-bas, en passeur d’âmes, si telle est ta mission ».
Il écouta, approuva de la tête puis s’engagea pour franchir le passage de lumière. Sur le seuil, il se tourna une dernière fois en direction de Laurence pour lui dire qu’il reviendrait afin d’aider les âmes à franchir le portail du jardin, de sorte qu’elle ne soit plus jamais importunée dans sa maison.
___
Cathy et Laurence gagnèrent ensuite la cuisine pour partager un café et débriefer tout ce qui venait de se passer. Laurence s’étonnait de la description précise que lui avait rapporté Cathy sur l’emplacement du portail énergique « entre le cabanon et la piscine », alors que Cathy ne connaissait pas le jardin. « Moi je ne le connaissais pas, mais l’âme du prêtre si, lui répondit-elle. Tout en étant dans un plan intermédiaire entre les limbes de l’astral inférieur et la réalité de notre plan physique, ces âmes sont dans une relative multi dimensionnalité qui leur permet de connaître différents aspects physiques de ta maison, sans même avoir besoin de s’y déplacer ». Elle était également surprise qu’il fut possible de créer à distance ce portail énergétique sans se rendre physiquement à l’endroit désigné. « Cela n’est pas forcément facile pour tout le monde et pour certains cela les aide d’être sur place. De mon côté, ce n’est pas nécessaire. »
« Et que dois-je faire alors pour protéger à l’avenir ma maison de ces remontées énergétiques malodorantes ? » interrogea Laurence un peu inquiète. « L’essentiel vient d’être fait avec la pose de ce portail dans le jardin et accessoirement même par les deux autres dans les chambres. Nous traversons actuellement une période où les Enfers remontent sur le plan vibratoire depuis les limbes de l’astral inférieur. Cela permet à des âmes importunes de nous envahir, à travers ces trous de gruyère énergétique. Mais la solution au problème est, en fait, toute simple. L’énergie suit la pensée et la pensée se matérialise grâce à l’émotion. Pour protéger nos maisons, il suffit de réinvestir spirituellement nos espaces quotidiens en y introduisant une émotion reliée au sacré. Des accessoires peuvent aider, comme une statue de la Vierge, un Bouddha, un mandala ou un symbole mystique. Cependant, on peut tous, très simplement, créer un portail énergétique chez soi en alliant la pensée et le cœur. En créant consciemment un passage de lumière au fond de son jardin ou dans une pièce de la maison, on crée comme un « trou » d’évacuation connecté à la lumière de l’astral supérieur. On peut même évoquer consciemment l’assistance d’un gardien pour qu’il devienne le garant de ces passages ».
Laurence écoutait dans un sentiment qui se partageait entre la fascination et la stupéfaction devant tant de simplicité dans les réponses de Cathy. Elle posa une dernière question : « Ces portails ou piliers de lumière, que nous créons, si j’ai bien compris, par la force de notre intention et d’une pensée fécondée par le cœur, sont-ils éphémères, durables, éternels, ou ont-ils besoins d’être entretenus énergétiquement ? » Cathy lui répondit en souriant : « Il faut effectivement les alimenter de temps en temps et pour cela c’est très simple. Un passage ou vortex de lumière créé par notre esprit a juste besoin d’être nourri, de temps en temps, par nos pensées. C’est tout, c’est simple et ça marche ! »
Après avoir échangé tout en dégustant pour l’une le thé, et l’autre un café, les deux femmes se quittèrent. Laurence la remercia chaleureusement pour son intervention. Plus jamais sa grande maison ne fut importunée par des âmes d’en bas.
___
(Extrait du livre « Entre énergétique et clairvoyance » de P. A Courouble & Cathie Doutement. A paraître aux éditions Atlantes en début d’année 2023)